Autour de Burchard de Worms.
L'église allemande et les interdits de parenté (IXème - XIIème siècle)

Patrick Corbet

Ius Commune Sonderheft 142
Frankfurt am Main: Klostermann 2001. XXIII, 364 p.

ISSN: 0175-6532
ISBN: 3-465-03138-5


A partir du milieu du IXème siècle, le royaume de Germanie occupe la première place dans la lutte menée par l'Eglise d'Occident contre les mariages entre apparentés. Jusqu'à la fin du Xème siècle, la législation y oscille entre une tendance modérée issue de Raban Maur et un courant rigoureux exprimé au concile de Worms de 868.

La situation change vers l'an Mil, quand l'Eglise impériale, soutenue par les souverains ottoniens, adopte une politique de répression plus systématique des unions consanguines. Ce durcissement s'exprime dans le Decret de Burchard de Worms (v. 1010) qui, écartant les solutions rabaniennes, fait le choix d'une législation aggravant les normes et facilitant les poursuites. Cette inflexion conduit au XIème siècle à une série de procès et d'affrontements entre l'épiscopat et les grandes familles mises en cause. La dynastie salienne elle-mâme fut par deux fois inquiétée, en 1024 et 1043.

Au milieu du siècle, Léon IX et les papes allemands généralisent à l'Europe chrétienne l'entreprise répressive, tandis que les options de Burchard de Worms s'imposent dans les codes canoniques. L'Eglise grégorienne n'ajoutera à l'arsenal burchardien que l'officialisation de la formule des sept degrés d'interdit et un système plus souple de dispense.

Vers 1080-1100, tandis que la bataille anti-incestueuse bat son plein dans le royaume de France, les procès de mariage s'interrompent en Allemagne. A cette date, l'Eglise impériale avait sans doute réussi son effort pour rendre exceptionnels les mariages entre très proches parents.

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